Millepertuis récolté - phytothérapie

La phytothérapie : se soigner avec les plantes médicinales

Quelles est l’origine de la phytothérapie et quels sont les secrets des plantes médicinales?

Les plantes sont partout et nous entourent depuis la nuit des temps. Elles étaient là bien avant nous et seront là bien après. Elles sont indispensables à notre survie, nous nourrissent, nous réchauffent, produisent de l’oxygène, embellissent nos jardins, nous parfument, nous habillent et teintent nos vêtements  et bien-sûre, nous soignent par la phytothérapie! Comme le disait Jean-Marie Pelt, elles sont à la fois “ médicaments, aliments et ornements”

La phytothérapie: se soigner par les plantes

Qu’elles soient antiseptiques, astringentes ou dépurative, leurs vertues et bienfaits sur notre organismes sont multiples, à notre plus grand bonheur. On les utilise au travers d’une médecine naturelle qui connaît un regain d’intérêt aujourd’hui: la phytothérapie.

Chaque plante médicinale à sa particularité et son mode d’action. Ainsi, vous savez peut-être que la grande camomille aide à lutter contre les migraines, la valériane favorise l’endormissement ou encore que le millepertuis agit sur la dépression.

On les appelle communément les Simples, parce que ces plantes sont faciles d’utilisation: décoction, tisane , teinture, macérats…sont des préparations assez facile à mettre en oeuvre. Pourtant, leur manière de fonctionner est loin d’être simple et leur mystère reste à ce jour presque entier.

La phytothérapie existe depuis la nuit des temps

Du grec “phytos” et “therapeuo”, la phytothérapie désigne une médecine  basée sur les principes actifs naturels des plantes médicinales. 

C’est l’une des plus vieilles médecines pratiquée depuis toujours dans le monde entier. Pour preuve, on pense que les Sumériens en Mésopotamie sont les premiers à pratiquer la phytothérapie il y a déjà plus de 5000 ans. On a retrouvé des tablettes contenant des centaines de recettes à base de plantes (fumigation, cataplasme, bain aromatique etc). 

Ces remèdes anciens pouvaient soigner tous types de maux, allant des soucis oculaires aux problèmes respiratoires en passant par les troubles psychiatriques. 

Du papyrus à la Bible : les plantes sont partout

Un des plus célèbre recueil consacré aux plantes médicinales est le papyrus Egyptien Elbers qui daterait de 1500 av.J.-C. Long de 20 m  c’est une vraie encyclopédie médicale qui ne recense pas moins de 200 plantes (menthe, psyllium, genévrier…). 

Papyrus Egyptien

Les Simple ont aussi été largement utilisés par les grands médecins grecs comme Hippocrate (460-v. 377 av.J.-C.). La bible les évoque également, comme dans ce psaume: “Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur; Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige.” 

Grâce à la traduction au fil des siècles des savoirs des anciens, cette médecine s’est perpétrée. Jusqu’à la fin du XIXéme siècle, on se soignait tous principalement avec les plantes médicinales.

XXéme La chimie change la donne…

Malheureusement, le XXéme siècle marque un tournant pour la phytothérapie avec dans un premier temps le développement de la chimie de synthèse: les chimistes parviennent à isoler et synthétiser les principes actifs des plantes médicinales (morphine, digitale, quinine). C’est le début des premiers médicaments de synthèse, encore plus simples à utiliser. Par exemple l’aspirine, est un dérivé d’acide salicylique du saule. 

A partir de ce moment là, la phytothérapie perd de son ampleur. Elle est relayée à un second plan, celui de “remède de grand-mère”.

Ainsi, jusqu’en 1930, les plantes représentaient une part très importante de la médecine occidentale, mais depuis 50 ans, l’apparition des médicaments de synthèse les ont remplacées. 

De nos jours elles sont encore trop peu enseignées aux médecins et aux pharmaciens.

Il faudra attendre le XXI éme siècle pour que l’on s’intéresse de nouveau à cette médecine. Et pour cause, les nombreux effets secondaires des médicaments chimiques et les résistances dues aux antibiotiques utilisés à outrance, nous poussent à nous tourner vers des médecines plus douces et naturelles.

Progressivement, la civilisation occidentale essaie de revenir à un rythme de vie plus sain et plus respectueux de l’environnement. L’essor de l’agriculture biologique, du zéro déchet, du slow food, et des médecines douces en est une démonstration. En effet,  l’homme, se soignant depuis des millénaires avec les plantes et les côtoyant depuis toujours est très certainement bien mieux adapté à suivre un traitement à base de plantes médicinales qu’un traitement exclusivement issu de la chimie de synthèse. 

Comment la phytothérapie fonctionne t’elle?

On a tous l’intuition que les plantes médicinales ont de nombreuses vertues. Mais comment fonctionnent-elles?

La phytothérapie: C’est une affaire de principe

Chaque plante médicinale contient des molécules produisant un effet sur notre organisme, ce sont les principes actifs. Ces molécules sont présentes dans les différents organes des plantes : bourgeons, feuilles, racines, fruits ou fleur. Ainsi, on préféra utiliser les racines de guimauve, plus riche en principe actif pour adoucir la gorge, mais les feuilles de verveine pour apaiser l’organisme. Ainsi, il est évident que connaître ces principes actifs et leur localisation dans la plante est primordiale. En fonction des plantes et des principes actifs recherchés, on ne va pas cueillir et utiliser la même partie de la plante. 

L’efficacité de la phytothérapie est difficile à expliquer mais provient très certainement du fait que l’ensemble des principes actifs d’une plante interagit en synergie avec les autres et procure des bienfaits qu’il n’aurait pas seul. Cette médecine repose sur le fait d’utiliser l’intégralité de la plante, aussi connu sous le nom de “Totum” , et non les extraits obtenus dans les laboratoires pharmacologiques.  (Exemple vu plus haut, l’acide salicylique extrait du saule ou de la Reine des prés pour en faire de l’aspirine). Il est communément admis que le “totum” d’une plante a des propriétés plus bénéfique que la somme des principes actifs pris individuellement. 

Chaque plantes médicinale est d’une complexité incroyable et contient des  centaines de principes actifs. Il est très difficile de déterminer et comprendre le fonctionnement de l’ensemble de ces substances chimiques sur l’organisme, même si l’on connaît l’effet médical des principes actifs de la plante. 

La science qui s’intéresse à décrypter le fonctionnement des plantes et de leurs principes actifs est la pharmacognosie (pharmaco: poisson, drogue – gnosie : connaissance).  

Quels sont les principaux principes actifs des plantes médicinales?

Tranquillisantes,antiseptiques, sudirifique, anti-allergénique, spasmolitiques, digestives, sédatives, apaisantes, expectorantes, émollientes,  adoucissantes… la liste est encore bien longue… les bienfaits des plantes sur l’organisme sont divers et très nombreux. Ceci est dû aux principes actifs contenus dans chacune d’elle. Mais quels sont les principaux principes actifs en phytothérapie?

Ces actifs qui nous veulent du bien

Les plantes produisent des substances via deux métabolismes distincts: le métabolisme primaire et le métabolisme secondaire.

Le premier est indispensable pour la photosynthèse de la plante. Il lui sert à produire des protides, des lipides, des glucides et des minéraux

Le deuxième, le métabolisme secondaire produit les principes actifs, utiles à la plante, mais aussi à l’homme!

Schéma des principales substances élaborées par les plantes médicinales
Schéma des principales substances élaborées par les plantes médicinales

Voici quelques principes actifs intéressants pour soigner l’homme.

Les polyphénols

La plante produirait les phénols afin de se défendre des insectes parasites et des infections diverses.

En effet, ces molécules ont  des propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques.

Les acides phenoliques sont  antioxydants,  anti-inflammatoires et antivirales. Vous en connaissez au moins un : le principe actif de l’aspirine, l’acide salicylique . C’est un phénol bien connu qui donne par synthèse chimique  l’aspirine (acide acétylsalicylique).
La reine des près (Filipendula Ulmaria) et le saule saule (salix Alba) sont des plantes à dérivés salycilés bien connus.

Les Flavonoides

 Les flavonoides,sont des pigments polyphénoliques qui colorent en jaune ou blanc  les fleurs et les fruits des plantes. Ils protégeraient également les plantes de influences extérieurs. On les retrouve la plupart du temps dans la peau des fruits (comme les pommes et les tomates), d’où la justification de ne pas les éplucher pour les ingérer et bénéficier de leur propriété.

 Leur vertues sont nombreuses: antioxydants , anti-inflammatoires et antivirales. Ils ont également des propriétés protectrices contre les maladies cardio-vasculaires et neuro-dégénératives

Grâce à leur effet antioxydant, ils interviennent dans la prévention des cancers,c’est pourquoi il est  tout particulièrement intéressant de consommer des aliments riches en flavonoides.

Les isoflavones, que l’on trouve par exemple chez certaines fabacées comme le trèfle ont des effets œstrogéniques, et peuvent être utilisé pour traiter la ménopause.

Les Tanins

Les tanins sont des composés végétaux que l’on trouve très couramment dans les plantes médicinales. 

Le tanin permet aux végétaux de limiter les dégâts liés aux insectes et aux ravageur car ils donnent un goût amer aux plantes. 

En phytothérapie, on utilise les plantes riches en tanins pour leur propriété sur notre peau. En effet, les tanins permettent de retendre les tissus ou réparer les peaux abîmées par un eczéma ou une brûlure. Ils stoppent également les infections, les hémorragies et calment les diarrhées.

Ils sont astringents, anti-inflammatoires antiviraux et antibactériens.

Attention à ne pas en abuser car ils inhibent l’assimilation des vitamines, minéraux et diminuent l’absorption des protéines des aliments.

Toutes les plantes en contiennent plus ou moins mais le thé vert en est particulièrement riche d’où son amertume si on le fait infuser trop longtemps.

Thé vert riche en tannins
Thé vert, riche en tanins

LES ANTHOCYANES 

Les anthocyanes du grec anthos « fleur » et kuanos « bleu sombre » sont les molécules qui donnent aux fleurs, aux fruits ou aux feuilles leur couleur bleu, rouge, orange ou  pourpre.On les retrouve dans de nombreux végétaux colorés comme les mûres, la vigne rouge, l’aubépine , le raisin ou la cerise.

Raisin
Raisin

Ces pigments ont des propriétés antioxydantes et favorisent la  circulation sanguine au niveau du coeur, des mains des pieds et des yeux.

LA COUMARINE

La coumarine, se retrouve chez de nombreuses plantes (comme l’aspérule odorante) et possède divers propriétés. Elle a une odeur aromatique caractéristique qui rappelle parfois le foin frais d’où son utilisations en parfumerie. 

Certains coumanes comme ceux du  mélilot fluidifient le sang, d’autres soignent les affections cutanées (céleri). 

Les Terpènes et Stéroides

LES SAPONOSIDES

Les plantes riches en saponosides sont très largement utilisé en savonnerie car lorsqu’on les plonge dans l’eau, elles créent une écume savonneuse, la mousse. Le lierre grimpant est très riche en saponosides, c’est pour cela que l’on peut utiliser ses feuilles en décoction pour en faire de la lessive maison.

Il existe deux formes de saponoside: les stéroïdes et les terpénoïdes. 

Les stéroïdes ont une structure proche des hormones humaines, ils ont donc un effets sur l’activité hormonale. 

Les saponosides terpénoïdes ont une activité expectorante en augmentant les sécrétions des muqueuses bronchiales.

Certaines plantes riches en saponoside peuvent aussi être utilisées comme diurétique et désinfectant urinaires (ex: prêle , bouleau).

Les Fabacées (légumineuses) en contiennent tout particulièrement, comme le soja, les pois, la réglisse. On les trouve aussi dans les épinards, la pomme de terre, le thé , le ginseng , et bien sûr la saponaire.

La saponaire Officinale
Saponaire en fleur

LES ALCALOÏDES

Les alcaloïdes sont des composés azotés dont la plupart  sont toxiques. Ils sont également particulièrement amers.

Ils ont cependant des vertues thérapeutiques intéressantes et sont employés pour traiter certain cancer ou encore permettent de réguler des troubles nerveux et d’apaiser l’organisme (action sédative). L’opium provenant du Pavot est riche en alcaloïde, on l’utilise pour fabriquer la morphine ou la codéine, puissant analgésique.

Pavot riche en opium
Pavot en fleur

LES GLUCOSIDES CARDIAQUES :

Les glucosides cardiaques comme leur nom l’indique agissent sur le coeur en maintenant le rythme en cas d’affaiblissement du rythme cardiaque.

On retrouve ces molécules dans la digitale laineuse et le muguet par exemple. Ces plantes sont classées dans la liste B de la pharmacopée européenne et sont donc toxiques.

LES GLUCOSIDES CYANOGÉNIQUES :

Ces substance sont reconnues pour leurs effets sédatifs et relaxants sur les muscles. Cependant, il faut les utiliser à petite dose car elles sont à base de cyanure, substance toxique.On en retrouve par exemple dans les feuilles du sureau noir.

LES ANTHRAQUINONES

Les plantes riches en anthraquinones comme le Séné et la  rhubarbe de Chine sont utilisées pour soigner la constipation.

Ces plantes agissent comme laxative sur le gros intestins en rendant les selles plus liquides et en provoquant des contractions de la parois qui permettent l’évacuation des selles dix heure après la consommation. 

LES POLYSACCHARIDES :

Les polysaccharides (ou glucides complexes) sont des unités de sucre que l’on retrouve dans les fibres alimentaires insolubles comme la cellulose.

Les polysaccharides peuvent être utilisés pour soulager les tissus enflammées (peau sèche ou irritée) ou les parois intestinales.

Les plantes présentant beaucoup de polysaccharides sont l’orme rouge et le lin.

fleur de lin
Fleur de lin

LES GLUCOSINOLATES

On les retrouve dans les espèces de plantes appartenant aux familles des Brassicacées.

La phytothérapie utilise ces plantes en cataplasme afin de soulager les articulations douloureuses. Ils favorisent l’évacuation des toxines en améliorant le flux sanguin

LES VITAMINES 

Bien évidemment, certaines plantes sont riches en vitamines C, pro vitamine A, vitamine B1, B2 , C et E,..Il est bien connu que les agrumes, comme  le citronnier, sont riches en vitamine C. Les fleurs d’hibiscus en infusion, sont également une source de vitamine C et A. Cependant, le fruit de l’églantier remporte haut la main la médaille avec une teneur en vitamine C pouvant aller de 500 à 5 000 mg pour 100 g de fruit, soit dix à cent fois supérieur à celui d’un agrume!

L’alantoïne:

C’est une substance que l’on trouve dans la consoude ou l’érable par exemple. Elle est utilisée dans les cosmétiques car elle stimule la régénération de la peau et aide à la cicatrisation des plaies.

Les minéraux:

Les plantes médicinales peuvent être tout particulièrement riche en minéraux tel le potassium, la silice…

Ainsi, l’effet diurétique du pissenlit est dû en partie au potassium et la forte teneur en silice de la prêle des champs lui confère des propriétés contre l’arthrose. La silice  agit sur les tissus articulaires, les os et l’élasticité des tendons.

La prêle des champs
Prêle des champs

Les substances amères:

Les substances amères stimulent l’appétit en augmentant les sécrétions des glandes  salivaires et digestives qui elles-même favorisent la digestion. L’infusion de camomille romaine au goût amer par exemple, est utilisée en phytothérapie contre les nausées ou les pertes d’appétits.

Infusion de camomille
Infusion de camomille

Il y aurait encore énormément de principes actifs à décrire. Même en les analysant tous, nous ne pourrions comprendre comment fonctionnent vraiment les plantes. C’est ce qui rend la phytothérapie intéressante, nous avons des éléments biochimiques pour comprendre, mais le fonctionnement précis, qui fait que la plante agira sur un individu reste la plupart du temps assez mystérieux. C’est la synergie (« œuvrer ensemble »), une combinaison de plusieurs facteurs qui produisent un effet global, plus important que la somme de leurs effets individuels.

Quelques éléments de Bibliographie pour en savoir plus:

S.G. Fleischhauer, J. Guthmann et R.Spiegelberger; Plantes sauvages comestibles; Ulmer 2012

Dr. JM MOREL; Traité de Phytothérapie; Grancher 2017

JM PELT; Les plantes qui guerrissent, qui nourrissent, qui décorent; Chêne 2014

Thierry THEVENIN, Le chemin des herbes; Lucien Souny 2015

Cours du Diplôme universitaire aromathérapie-phytothérapie faculté de pharmacie de Nancy 2017-2018

Pourquoi j’ai choisi de cultiver la Rose de Damas ?
Allons voir si la Ronce…

commentaires (2)

  1. Chantal

    Très intéressant …!
    J’aimerais en savoir beaucoup plus.
    Merci.

    • elsa

      Bonjour, au plaisir de vous rencontrer lors d’une porte ouverte ou d’un atelier sur les plantes…

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